Certaines formes de musique moderne, comme certains types de musiques techno, sont entièrement créées par ordinateur, avec peu ou pas d'intervention humaine. Il s'agit d'une avancée passionnante dans le monde de la création sonore, mais ce n'est pas le sujet du concept de l'Expresseur.
Nous parlons ici de « pratique musicale vivante », c'est-à-dire de musique interprétée par des humains, ensemble, en temps réel.
La pratique de la musique vivante est bien plus que des notes. C'est une conversation entre musiciens, chanteurs, danseurs et même auditeurs. Cette expérience humaine partagée – la capacité à réagir aux autres, à s'adapter à l'espace et à exprimer ses émotions – est encore inaccessible aux ordinateurs.
Tout instrument assisté par ordinateur -tel que l'Expresseur- respecte cette dimension humaine. Il doit permettre à l'interprète de réagir à son environnement : l'acoustique de la salle, l'humeur du public, les subtiles indications des autres musiciens.
Prenez par exemple l'orgue de Barbarie : il peut jouer une partition préprogrammée. L'interprète peut en modifier le tempo, mais c'est tout. Il n'y a ni interaction, ni adaptabilité, ni conversation musicale.
Expresseur est un nouveau type d'instrument de musique , assisté par ordinateur, mais piloté par l'humain.
Il assiste l'interprète uniquement dans le choix de la hauteur, mais pas pour la dynamique, l'expression, le timing ni le phrasé. Ces derniers aspects restent entièrement entre les mains du musicien, lui laissant une totale liberté d'adaptation à l'environnement, à l'ensemble et à son ressenti personnel.
Expresseur ne joue pas pour vous : il vous aide à jouer de la musique.
C'est un outil pour la pratique musicale: il est entièrement sous votre contrôle pour que vous exprimiez votre sensibilité musicale.. Que vous soyez étudiant, musicien amateur, curieux, l'Expresseur vous laisse votre entière disponibilité à ce qui est l'essentiel dans la musique : la sensibilité, l'écoute, l'échange..
La technologie est le moteur du progrès, même en musique
Depuis ses origines, la musique a évolué de concert avec la technologie.
Lorsque J.S. Bach composait ses chefs-d'œuvre, il s'appuyait sur les outils de pointe de son époque : l'orgue à tuyaux, les innovations en matière de systèmes d'accordage comme la gamme tempérée, et les principes mathématiques. Le piano lui-même est un sommet de la technologie, conçu pour les musiciens et fruit d'une ingénierie de génie.
Au XXe siècle, l'électronique a révolutionné la musique. L'amplification, le traitement du son et l'enregistrement ont permis de mixer une voix douce avec une grosse caisse retentissante, ou une note de basse avec un quatuor de cuivres, le tout avec précision et clarté.
Au XXIe siècle, c'est l'ordinateur qui transforme la musique. Il permet des sonorités entièrement nouvelles, de nouvelles formes de composition et de nouvelles façons d'interagir avec la musique elle-même.
Certains musiciens préfèrent s'en tenir aux instruments traditionnels comme le piano, rejetant souvent les nouvelles technologies. Mais le piano est une technologie de pointe, simplement une technologie plus ancienne. Cela ressemble un peu à l'approche « Amish » de la technologie : accepter les outils uniquement jusqu'à un point historique arbitraire et rejeter tout ce qui a été inventé après.
Expresseur adopte la technologie moderne pour relier la musique traditionnelle aux nouvelles façons de jouer. Il propose un nouveau type d'instrument, assisté par ordinateur. L'ordinateur gère les aspects techniques comme la hauteur, l'accordage et les gammes. Le musicien se concentre sur l'expression, l'interprétation et le dialogue musical.
Expresseur n'a pas du tout pour objectif de remplacer tous les instruments ni de répondre à tous les besoins musicaux. Imaginez un vélo : il ne vous mènera pas au sommet d'une montagne, mais il peut vous aider à explorer le paysage et à vous en rapprocher, à votre rythme.
La musique est un langage
Comme le langage parlé, la musique peut être vécue, appréciée et partagée sans aucune connaissance technique formelle.
Dans les conversations quotidiennes, nous parlons, écoutons et comprenons naturellement, sans avoir besoin d'étudier la grammaire ni de mémoriser l'alphabet. Nul besoin de savoir lire un roman pour apprécier un dialogue ou jouer au théâtre. Pourtant, les connaissances techniques, comme la lecture et l'écriture, peuvent ouvrir de nouvelles dimensions d'expression et de compréhension.
Le langage existe sous deux formes puissantes :
Ce ne sont pas des opposés. Ils sont complémentaires.
Il en va de même pour la musique.
On peut jouer, écouter et s'immerger profondément dans la musique sans connaître le solfège ni savoir lire une partition. L'instinct musical – apprentissage auditif, improvisation, émotion – est puissant. Mais tout comme pour le langage, les connaissances techniques peuvent améliorer vos compétences, vous aidant à aller plus loin et à créer des liens plus profonds.
Instinct et théorie. Oral et écrit. Émotion et structure.
Tous ces éléments font partie du même langage musical, et chacun amène sa propre valeur ajoutée.
On entend souvent dire que la "musique guérit". Et c'est vrai : elle apaise, élève et nous connecte à nos émotions. Récemment, France Inter a diffusé un reportage sur ce sujet précis : dix minutes consacrées au pouvoir guérisseur de la musique. Dix minutes… entièrement consacrées à l'écoute.
Mais pourquoi oublions-nous si souvent l'autre aspect, tout aussi essentiel, de la musique : la pratique musicale quand nous jouons, chantons et créons nous-mêmes ?
Écouter de la musique est indéniablement important. Mais jouer de la musique, même en amateur, offre tout autant de bienfaits. Chanter, jouer d'un instrument, improviser, partager un moment musical : autant d'actions qui nous permettent de nous exprimer, de nous connecter aux autres et de trouver un équilibre émotionnel.
Faisons un parallèle : imaginez un reportage radio intitulé « Le sport, ça guérit ». Se concentrerait-il uniquement sur les bienfaits de "regarder du sport" ? Admirer la force ou l'élégance des athlètes ? Bien sûr que non. Il mettrait naturellement en avant les bienfaits de la pratique sportive pour la santé. Pourtant, avec la musique, le discours s'arrête souvent à l'écoute.
.
Faire de la musique n'est pas réservé aux professionnels. Nul besoin de sortir un album ou de se produire devant un public pour en ressentir les bienfaits. Faire de la musique en amateur, c'est comme faire son jogging du dimanche, et tout aussi précieux. Il n'y a aucune raison d'avoir honte de faire de la musique un loisir. Au contraire, les bénéfices sont immenses.
Un mythe persiste : « La musique est difficile à apprendre ». Mais cette idée est dépassée. Aujourd'hui, les outils sont plus accessibles que jamais : cours en ligne, écoles de musique, instruments intuitifs, applications numériques… Le XXIe siècle a ouvert grand les portes de la pratique musicale.
C'est précisément pour cette raison qu'Expresseur a été créé : un outil numérique conçu pour faciliter et rendre la pratique musicale plus accessible. Que vous jouiez seul ou à plusieurs, que vous lisiez des partitions ou que vous improvisiez, il permet à chacun de vivre pleinement l'expérience musicale.
Même s'il nécessite un certain apprentissage, Expresseur permet rapidement aux utilisateurs d'exprimer leurs émotions musicales, en puisant dans leur propre sensibilité, leurs besoins et leur créativité. Vous pouvez chanter en jouant, improviser avec d'autres ou explorer la musique de manières non conventionnelles. Par exemple, chaque musicien peut utiliser quelques pads pour improviser un dialogue musical, rythmé ou non, sur une progression harmonique évoluant librement. L'outil gère la complexité musicale, garantissant que les pads correspondent toujours aux accords en cours.
Expresseur n'est pas seulement un outil, c'est un compagnon de bien-être musical. Il aide chacun à trouver la joie, la paix et l'expression par la pratique et le chant, seul ou à plusieurs.
Alors oui, la musique guérit, mais pas seulement lorsqu'on l'écoute passivement.
La musique guérit véritablement lorsqu'on la vit.
Lys a 20 ans et vit avec un autisme profond. Elle ne communique pas par la parole et les comportements autodestructeurs font partie de son quotidien.
Sa mère, Anne, est pianiste et possède une sensibilité musicale profonde. Lorsqu'elle joue, un phénomène remarquable se produit : Lys s'immobilise, attentive, immergée dans le monde émotionnel que la musique lui ouvre. Ces moments la connectent à quelque chose, au-delà des mots.
J'ai proposé une idée à Anne : et si nous pouvions inviter Lys à entrer dans le monde de la musique, non seulement comme auditrice, mais aussi comme musicienne ? Pourrait-elle créer et partager de la musique avec d'autres ?
Nous avons commencé simplement : par l'écoute.
Anne au piano, et moi à la flûte à bec baroque. Lys écoutait en silence, souvent pendant de longs moments, absorbée par le dialogue musical. Nous jouions Rameau, Bach, Corelli, Pergolèse. Les différentes voix des flûtes à bec soprano, alto et basse se mêlaient au riche contrepoint pianistique d'Anne. Ces séances ont créé des moments de joie, de présence partagée : écouter, ressentir, créer. Pour Lys, la musique est devenue un monde à explorer.
Parallèlement, nous avons introduit une autre dimension : la création musicale libre et improvisée, sa propre musique.
Elle possède un petit clavier électronique, son instrument, comme le piano de sa mère. Un casque sans fil lui permet de bouger librement tout en s'immergeant dans le son généré par l'Expresseur, un système conçu pour un jeu intuitif et expressif.
L'Expresseur offre une harmonie vivante. Chaque note jouée est toujours en phase avec l'accord en cours. La progression des accords est guidée par elle : chaque touche enfoncée mène naturellement à la suivante, selon son ressenti, et non la théorie.
Lys progresse. Certaines séances ne durent que quelques minutes, d'autres plus longtemps. Parfois, elle est hésitante, parfois plus confiante, voire joueuse.
Elle découvre quelque chose de puissant : ses mains peuvent créer l'harmonie, la beauté, un son qui reflète ce qu'elle ressent intérieurement. Et puis, un sourire. Une reconnaissance. La certitude que ce qu'elle entend et ce qu'elle joue sont en harmonie. Elle fait de la musique, pour elle-même et pour les autres, tout comme sa mère.
Avec le temps, elle a commencé à accepter ma présence dans son univers musical. Je lui ai présenté la guitare. Au début, elle a résisté. Puis sont venus des moments d'acceptation, de curiosité, de connexion. Un dialogue s'est établi : ses gestes au clavier, mes réponses à la guitare. Nous avons improvisé, répondu, créé quelque chose ensemble.
Ce sont des moments d'échange musical profondément humains. Une harmonie douce et riche – entre les personnes, entre les gestes, entre les sons.
Un flux commence à émerger. La joie de créer quelque chose de beau, ensemble.